Un été qui ressemble à l’automne
À l’exception d’une semaine à la mi-juillet, le temps a été agité en permanence depuis le début de l’été. À la mer et à la ville, le ressenti est encore pire

- Avec un faible taux d’ensoleillement et des températures relativement fraîches, les estivants ont parfois du mal à poser leur serviette sur la plage, comme ici, à Arcachon. © Photo archives franck perrogon
On pourrait rédiger des traités de psychosociologie en 20 volumes sur notre rapport douloureux au temps qu'il fait. En partant du principe avéré que ça ne va jamais : trop chaud, trop froid, trop sec, trop humide, trop venté, etc. Dans l'océan des complaintes sur le thème, le ressac laisse cet été sur le sable une grogne objectivement justifiée : l'été est, sinon pourri, du moins vraiment maussade. Hormis quelques microclimats enchanteurs, le beau temps franc et massif s'est invité à une seule reprise sur les agendas des estivants. C'était lors de la semaine du 14 juillet. Pour le reste, le chat est maigre : un jour ou deux de beau temps par-ci par-là, puis un orage qui détraque le ciel et détrempe les duvets sous la tente.
Ce constat est validé par les spécialistes de Météo France, qui observent la mollesse de l'anticyclone des Açores depuis le tout début juillet (lire l'entretien ci-contre). Il est également illustré par notre infographie ci-dessous, qui compile les totaux pluviométriques et l'ensoleillement dans la région par rapport aux normales calculées sur la période 1981-2010, celle qui est retenue par Météo France.
Deux fois les pluies d'été
Les tenants de la science pure et dure risquent de sursauter à l'exposé de nos moyennes de référence, qui reposent sur le tiers des relevés « normaux » du mois d'août et non sur les normales de la première décade. Mais la tendance est nette : l'ensoleillement est médiocre et les pluies très conséquentes.
Depuis le 1er juillet, il est tombé grosso modo deux fois le cumul normal dans le Sud-Ouest. Seuls Bordeaux et le cordon côtier aquitain ont été un peu moins arrosés. Ces données connaissent d'importantes variations locales, car elles résultent, la majeure partie du temps, de pluies d'orage très discontinues sur la géographie de la région.
La multiplication des orages n'est certes pas surprenante en été. Mais, outre les dégâts matériels, ils ont cette année provoqué une kyrielle de reports et d'annulations d'événements nocturnes. D'une soirée de Bordeaux fête le vin, à la fin juin, jusqu'à l'ouverture des Nuits atypiques de Langon, un mois plus tard.
50 heures de soleil perdues
Les relevés attestent aussi la faiblesse de l'ensoleillement, à l'exception notable du littoral basque. Il « manque » une bonne cinquantaine d'heures de soleil sur la période à Cognac, en Charente, comme à Agen, dans le Lot-et-Garonne. Avec la relative fraîcheur des températures, cet état de fait alimente l'impression d'un été pourri dans la foule des estivants.

En clair, il ne fait pas forcément mauvais, mais il ne fait pas assez beau pour poser son coin de serviette à la plage. Ce qui explique par contrecoup le reflux des vacanciers vers l'intérieur des terres et l'affluence surprenante observée ces derniers jours dans le centre-ville de Bordeaux, par exemple.